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La chienne de l'ourse 
De Catherine Zambon 

Elle a 16 ans, elle fuit de son pas d’ourse lourde les sentiments qui la bousculent et la bouleversent. Elle court pour fuir droit devant elle sans s’arrêter pour disparaitre, tuer ce qu’elle ressent en elle : un désir si fort, un désir impossible, qui fait battre son cœur si vite qu’elle pense qu’elle ne peut plus vivre. Elle aime Liv.

 

La Chienne de l’Ourse est un spectacle sur la fureur de vivre, l’urgence de dire, sur l’adolescence, sur le désir, le « corps lesbien ». L’Ourse est incarnée par une comédienne / danseuse et une musicienne/ conceptrice sonore, la voix et la musique palpitent dans un rythme effréné. Elles sont enveloppées tout au long de cette course par une vidéo qui interagie comme un catalyseur émotionnel.

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Spectacle tout public à partir de 12 ans 

Mise en scène : Myriam Gharbi

Jeu : Faustine-Aziyadé et Naïma Delmond

Conception et création musicale : Naïma Delmond Scénographie Vidéo : Arnaud Deparis

Régie lumière et son : Fabrice Loubes

Durée du spectacle 1h10

Le spectacle peut être joué dans sa version en salle de spectacle ou s'adapter à votre demande pour venir jouer dans vos collèges ou Lycées 

N'hésitez pas à nous contacter .

06 60 53 97 72 

Extrait de La chienne de l’ourse 

Je vais rapide. La rue est vide, accablée de soleil. Il est quinze heures. Ne plus les entendre. Je ne connais pas ce qui s’agite en moi. Ou plutôt si je le sais. Et je n’en veux pas. C’est sombre et dégoulinant. J’entends encore leur voix. Et la sienne, à elle. Liv. Oublier son nom. Elle. Juste dire : elle. Je voudrais aller plus vite encore. Je ne peux pas. Je ne veux pas courir. Courir, c’est fuir. Je ne fuis pas. Il y a encore un instant, j’avais peur. Je tremblais de ce je ne sais quoi de honteux qui me rend étrangère à moi- même. Une chose dans le ventre, le corps. La sensation de basculer vers un monde où je n’ai pas ma place. De place, je n’en veux pas. Rester invisible. Ne plus croître. Si c’est cela grandir, je n’en serai pas. Jamais. Plutôt crever. J’étais enfant hier, je ne le suis plus. Enfant. C’était qui et où, dans un pays où je crois n’avoir jamais été. Mes pas sont lourds. Comme mon corps, lourd. Ne pas s’arrêter. Aller devant. Sur cette route. La mienne. Ne pas se retourner. La fête était belle. Léo heureux. Nous, tous, là. L’alcool. J’ai bu. Mais je ne trébuche pas. « Je n’en ai plus rien à faire de toi ». C’est ce que j’ai dit à Liv. Elle a eu un souffle. Un petit cri. Un hoquet. J’ai tourné le dos. Vite Chaque pas me coûte un sanglot refoulé. Saloperie de vin. Ce mois de mai est à gerber. Mais je ne gerberai pas. Tout est contenu, au fond de moi. Ça se noie dans une boue qui s’est agglutinée. Mes pas me conduisent au lycée. C’est le comble ! Ne pas le regarder, lui, l’immense bête cannibale. Ou alors, le toiser. Il est vide, nous sommes samedi. Vide, une carcasse morte, inoffensive. Les grilles sont fermées, je passe devant et je crache à terre. Mon portable sonne. Je ne veux pas savoir. Je le jette dans la poubelle devant le lycée. Je crache encore et encore. C’est aussi la première fois que je crache. La seule présence du bâtiment, notre lycée, accidente les mouvements de mon cœur. J’accélère le pas. Je le veux derrière moi. Comme un étron abandonné par un chien. Liv a su le quitter. Pas moi. Au loin un chien aboie. J’ai seize ans.

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